Revue Archéologique de Picardie n° 3/4 - 1 988
LA NÉCROPOLE MÉROVINGIENNE DE GOUDELANCOURT-LÈS-PIERREPONT (AISNE).
par Alain NICE*
La nécropole de Goudelancourt, dont la fouille complète s'est terminée en 1987, est située au nord-est du département de l'Aisne, sur le terroir de la commune de Goudelancourt-lès-Pierrepont, a proximité des fermes de Beauvois.
Présentation du site
La nécropole est située à la pointe sud-ouest d'une colline orientée sud-ouest/nord-est délimitée au nord et au sud par deux vallons. Au sud, coule par intermittence un ruisseau, «le Cornu», alimenté par les eaux de ruissellement.
Origine et historique des travaux
Durant l'hiver 1980/81, un sous-solage du terrain puis un labour profond mettaient au jour plusieurs tombes. Un couvercle de sarcophage fut remonté à la surface. M. Gabriel Renard, agriculteur à Beauvois, alerta la D.R.A.H. de Picardie qui décida d'intervenir. Deux campagnes de sauvetage eurent lieu en 1981 et en 1982. L'urgence de la situation (site menacé de la destruction totale du fait de la faible profondeur des fosses, d'un phénomène d'érosion important, de labours profonds), la constitution d'une équipe de bénévoles, l'intérêt du site, nous ont amené à y conduire un sauvetage programmé de 1983 à 1987.
Stratigraphie et plan de la nécropole
La méthode de fouille consiste en un dégagement à la pelle mécanique de la terre végétale jusqu'au banc de craie où sont creusées les fosses. La couche de terre végétale a pratiquement disparu au sommet de la colline et laisse apparaître le banc de craie ; ailleurs son épaisseur varie de 5 à 20-30 cm.
Dans son état actuel, la nécropole est constituée de deux noyaux, deux cimetières séparés par une bande de terrain sans sépultures.
450 sépultures ont ainsi été fouillées, dont 313 appartenant au premier noyau. Celui-ci grossièrement circulaire, est constitué de plusieurs rangées de tombes plus ou moins parallèles entre lesquelles viennent s'intercaler d'autres sépultures ou des amorces de rangées nouvelles. Le second noyau, de forme ovale, est constitué lui aussi de rangées de tombes plus ou moins parallèles.
Les fosses
Les réemplois de sépultures
Collège Jean Mermoz route de Laniscourt 02000 LAON
Les fosses les plus superficielles ont bien souvent été détruites par les labours, en particulier dans le premier noyau. Creusées dans le banc de craie, elles présentent une forme plus ou moins rectangulaire avec les extrémités arrondies. Le fond est tantôt plat, tantôt en forme de berceau. La dimension de ces fosses est fonction de la taille de l'individu (1 ,90 à 2,50 m x 0,80 à 1 ,30 m pour les fosses individuelles d'adultes). Les profondeurs sont variables : sur l'ensemble des sépultures du premier noyau, 60 % d'entre elles avaient une profondeur comprise entre le niveau 0 et -40 cm (terre végétale non comprise) ; 30 % avaient une profondeur comprise entre -40 et -70 cm ; 10 % entre -70 et 1 m.
L'orientation des fosses est relativement homogène : sud-sud-ouest/nord-nord-ouest (tête au sud-sud-ouest) avec de légères variantes pour le premier noyau, plus nettement ouest-est (tête à l'ouest) pour le second. Les fosses destinées à des inhumations juxtaposées sont assez nombreuses. Les fosses doubles sont les plus fréquentes mais elles sont parfois associées par trois ou par quatre. On a noté aussi l'existence de quelques sépultures accolées (adultes + enfants). La découverte de plusieurs stèles décorées, en particulier dans le second noyau nous laisse supposer que de nombreuses sépultures étaient visibles en surface.
On a observé à Goudelancourt plusieurs cas de réemplois de sépultures. Dans certains cas, une tombe ancienne a été détruite par le recreusement d'une nouvelle fosse et les os du premier occupant ont alors été regroupés en une sorte d'ossuaire au niveau des pieds, en bout de fosse ou le long du corps du second occupant (une grande sépulture a ainsi été réemployée deux fois).
Parfois la destruction du squelette du premier occupant n'a été que partielle et on retrouve en place une partie du squelette ancien, l'autre partie ayant été rassemblée en ossuaire.
Dans deux autres cas, il s'agissait de deux adultes dont tous les os sont en connexion, les os du squelette supérieur reposant directement sur ceux du squelette inférieur, à l'exception de la boîte crânienne du premier occupant déposée entre les pieds des deux individus. Quelques cas d'inhumations successives avec superposition sont aussi à signaler.
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